Pas-de-Calais : coops et négoces solidaires des agriculteurs inondés

« Nous avons un dépôt inondé sur la commune de Frencq (Pas-de-Calais), décrit Pierre-Antoine Dambre, directeur de Néo Négoce (groupe Noriap). Ce dépôt se situe près de la rivière et 80 cm d’eau sont rentrés. L’expert doit passer. Mais ce n’est rien par rapport aux conséquences des inondations sur nos clients. » En effet, si quelques silos et dépôts de coopératives et négoces ont subi des dégâts à la suite des fortes pluies des derniers jours dans le Pas-de-Calais et dans les Flandres maritimes, la partie la plus septentrionale du département du Nord, la situation est surtout critique pour les éleveurs et les céréaliers.

Une cellule de crise chez Unéal

Dans ce contexte, les coopératives et les négoces ont mis en place des mesures de solidarité et d’accompagnement des producteurs touchés, pour le court et le moyen termes. Unéal (groupe Advitam) a ainsi ouvert une cellule de crise avec l’ensemble des acteurs de terrain (syndicats, chambres d’agriculture) pour quantifier les besoins, au jour le jour. « Avant les moyens humains et techniques, le lien social est important », insiste la coopérative.

La première décision prise a ainsi été de dédier une personne sur la ligne Unéal Téléservices pour être à l’écoute des adhérents. Unéal a aussi décidé de proposer un appui logistique pour déblayer les exploitations avec les engins télescopiques de la coopérative. Cette dernière a mobilisé également « 80 camions Prostock pour le transport et la livraison de fourrages ». Des pompes ont aussi été mobilisées sur les différentes communes pour évacuer l’eau comme l’ont fait les adhérents avec leurs tonnes à lisier.

« Nous sommes face à quelque chose que nous n’avons jamais connu, confie François Ryckebusch, directeur opérationnel productions animales chez Unéal. Nous avons des adhérents littéralement les pieds dans l’eau depuis plusieurs jours et d’autres qui ont fait face à des ondes de crues qui sont venues ensevelir leur exploitation, et notamment les bâtiments d’élevage. Face à l’eau, nous sommes démunis, mais nous avons réfléchi en quoi nos métiers, nos expertises, nos équipements vont pouvoir apporter de l’aide et du réconfort. »

Une bourse d’échange de fourrages chez Noriap

De son côté, le groupe Noriap a mis en place une bourse d’échange de fourrages. Une action qui implique la coopérative Noriap, Yséo, Novial et Néo Négoce. Le but est de « recenser les besoins en fourrages et/ou en enrubannage des éleveurs touchés par les inondations et en même temps les stocks disponibles chez les agriculteurs qui souhaiteraient faire un don ». Les agriculteurs peuvent se rapprocher de « Noriap en ligne » pour se faire connaître. Il reste à organiser les livraisons des fourrages vers ceux qui en ont besoin.

« C’est une situation inédite, on verra au fur et à mesure des besoins », relate Stéphanie Parisi, chargée de communication au groupe Noriap. La logistique du groupe (engins de manutention et transport) pourrait également être sollicitée. « Nous allons accompagner nos agriculteurs pour les aider à prendre les bonnes décisions au niveau agronomique, dans les parcelles concernées par les inondations », informe de son côté le groupe Carré.

100 000 ha concernés

« Un peu plus de 100 000 ha sont touchés par les crues et les inondations dans le Pas-de-Calais et les Flandres maritimes, chiffre Antoine Lepoint, directeur opérationnel productions végétales chez Unéal. Certains adhérents sont touchés sur 100 % de leurs parcellaires. » Dans les secteurs sous l’eau, les situations divergent : les semis sont parfois faits à 80 % ; parfois, ils n’ont pas commencé.

« Il reste 20 % de pommes de terre à arracher, 30 % de betteraves », fait-il également savoir. Des surfaces de maïs sont aussi encore à récolter. Les experts des services techniques vont rassurer et informer les adhérents sur la ligne de conduite à suivre pour les cultures qui sont sous l’eau ou dans des sols engorgés.

Variétés de blé tardives remises en fabrication

« Nous avons remis en fabrication des variétés alternatives adaptées à des semis tardifs, à travers notre usine de traitement de semences Exelience, relate le directeur opérationnel productions végétales d’Unéal. Nous avons ce qu’il faut pour les semis d’automne et de printemps pour ceux qui n’auront finalement pas pu rentrer dans leurs parcelles. » Néo Négoce, actionnaire d’Exelience, a bloqué des volumes de blés alternatifs pour ses clients. « J’ai aussi réservé avec ma centrale d’achat Inoxa, des variétés de maïs grain précoce », précise Pierre-Antoine Dambre.

Aliments à livrer

Les équipes en productions animales chez Unéal travaillent de leur côté sur l’impact qu’aura sur les animaux le stress provoqué par la présence dans l’eau pendant parfois 36 heures. Les experts sont aussi mobilisés pour faire un état des lieux de la qualité des fourrages car des boules enrubannées et des silos de maïs ont pris l’eau. « Nous avons aussi des enjeux d’approvisionnement en aliments des exploitations alors que certaines routes sont coupées ou effondrées », exprime François Ryckebusch.

Par ailleurs, l’ensemble des silos d’Unéal ont été réapprovisionnés avec le nécessaire pour aider les agriculteurs, c’est-à-dire des fourrages grossiers (pulpes, luzerne) ou des films d’enrubannage, bâches pour pouvoir assurer la protection des fourrages qui arriveront.

Accompagnement financier

« Nous essayons d’identifier les clients particulièrement touchés pour voir comment nous pouvons les accompagner d’un point de vue financier », précise Pierre-Antoine Dambre. Paul Faburel, délégué régional du comité Négoce Nord-Est, informe de son côté : « Des reports de paiement peuvent être imaginés, mais il s’agira d’initiatives individuelles. »